À l'origine, Maurice Lévy arrive chez Publicis comme ingénieur informaticien. Il se fait remarquer grâce à l'initiative qu'il entreprend en archivant l'essentiel des données de son entreprise sur bande magnétique : grâce à cela, il permet à Publicis de se remettre en huit jours d'un incendie dévastateur. Ce jour-là marque un tournant important dans sa vie puisque cette réussite contribue à le faire remarquer par la direction. Dès 1973, il est promu au conseil de direction, comme secrétaire général. En 1975, il est nommé DG adjoint de Publicis Conseil et l'année suivante, DG tout court. 12 ans plus tard, il devient président du directoire et succéde au fondateur du groupe, Marcel Bleustein-Blanchet, au poste de président directeur général en novembre 1987. C'est à lui que Publicis doit aujourd'hui sa stature internationale : il hérite d'ailleurs rapidement du surnom de « Napoléon de la publicité ».
Il avoisine les 108 M€ de fortune et se place parmi les patrons les mieux payés de France (3.6 M€ annuels). Au-delà de son statut de pape de la communication, il est également à la tête du discret lobby patronal AFEP (Association Française des Entreprises Privées). C'est à ce titre que son nom est apparu abondamment dans la presse ces deniers jours, puisqu'il est à l'origine de la tribune publiée dans Le Monde le 16 août dernier, à l'origine de l'appel de seize très hauts revenus dans le Nouvel Obs intitulé "Taxez-nous !". Ces patrons (dont une certaine Liliane Bettencourt), tous volontaires pour se faire taxer davantage n'ont fait que donner de l'écho à la sortie politique de Maurice Lévy : dans le Financial Times, celui-ci dira même «I am not a masochist but the rich must pay more». Alors, est-ce simplement un élan solidaire ? De la démagogie ? De l'altruisme intéressé ? Chacun a pu y aller de son commentaire.
Du coup, on retrouvait il y a quelques jours notre ami Maurice dans son costume de président de l'AFEP, au micro de France Inter, interviewé par Patrick Cohen. Tout bronzé, il nous parle de cette contribution symbolique des plus riches à l'effort de circonstance, mais aussi de son ressenti en tant que patron de Publicis Groupe.
Maurice Lévy par franceinter
Je vous laisserai seuls juges de l'idée proposée par M. Lévy. Et si je suis loin de penser que les patrons ne méritent pas leurs salaires, je trouve que si le masochisme fiscal n'est pas forcément une mauvaise idée (à plus forte raison s'il est consenti !), le dessein du PDG me paraît un peu trouble. Cette sortie médiatique va peut-être changer l'image de Lévy, renforçant un peu son image de grand patron français du CAC 40, avec tout ce que cela comporte comme a prioris. De l'autre côté on serait presque en droit de vouloir déceler dans son "coup de sang" comme il le décrit, un veine de Robin des Bois avorté. Mais à l'écouter, j'ai l'impression qu'il en profite pour justifier son long et brillant parcours au sein de Publicis, un peu comme s'il faisait son bilan avant de préparer sa retraite. Car si Maurice Lévy est effectivement l'artisan de la réussite du 3ème groupe mondial de communication, est-ce que le fait de singer Warren Buffet dans sa volonté de voir les riches contribuer plus peut être utile à son image ? Pas sûr, sauf s'il envisage de laisser un jour les rênes de son groupe pour se lancer en politique. Mais une chose est certaine : plus que jamais, les communicants sont en prise avec l'information et le pouvoir. Certains coachent leurs poulains pour la présidentielle, d'autres s'immiscent carrément dans le débat politique en français. Certes, c'est en tant que patron de ce lobby patronal qu'est l'AFEP que notre sujet s'exprime. N'empêche, le mélange des genres est intéressant à observer, et à l'approche de la présidentielle, nous devrions nous en apercevoir de plus en plus. Après tout, il n'y a pas que Jacques Séguéla et Thierry Saussez qui peuvent prétendre avoir leur mot à dire ! La communication regorge de vieux éléphants prêts à servir la patrie non ?
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