[People] Arthur Sadoun : son rêve au bout du monde

Connaissez-vous Arthur Sadoun ? C'est le mari d'Anne-Sophie Lapix. Mais c'est aussi et surtout l'actuel patron de Publicis Worldwide, 3e groupe mondial de publicité, et président de Publicis France. Beaucoup le voient succéder à Maurice Lévy le moment venu. Il y a quelques semaines, Paris Match nous relatait ses rêves à 20 ans, lorsqu'il décidait de fuir la France et le chômage pour... l'Amérique Latine. Morceaux choisis.

« Je voulais créer ma boîte au Chili »

"A 20 ans, il est plutôt optimiste de nature. Mais ce début des années 90 pèse à Arthur Sadoun, fils d’un consultant en stratégie, tout juste diplômé d’une « petite » école de commerce. L’atmosphère, en France, n’est pas à l’insouciance : la fin de la guerre du Golfe inaugure une récession mondiale qui laisse d’innombrables jeunes sans emploi.

Pour ce jeune homme aux aguets, s’expatrier est d’abord une idée, avant de devenir la solution. « J’avais déjà passé une année en Espagne et une autre en Grande-Bretagne, explique le patron de Publicis Worldwide. Faire ma valise ne m’effrayait pas. » (...) Il annonce à ses proches sa décision : partir travailler au Chili, en y créant son entreprise. Ses parents ne s’affolent pas : pour son père, Roland Sadoun, la décision de son fils lui paraît tout à fait normale. « Une fois mon projet annoncé, je ne pouvais plus reculer. C’est ainsi que je me suis retrouvé, le 3 juillet 1991 à 6 heures du matin, à l’aéroport de Santiago, par -7°C. Tout seul. ».

Débordant d’idées, le futur publicitaire garde les pieds sur terre et n’a pas largué les amarres sans quelques garanties. Avant le grand saut, il a démarché des entreprises en France, dont Kookaï, très à la mode, et Lancel, le maroquinier, dont le PDG d’alors, Sidney Toledano, lui confie « la représentation » au Chili, pays qu’il a choisi parce que « plus stable et moins cher que l’Argentine ». Déterminé à « monter sa boîte au bout du monde », l’apprenti découvre, dès son atterrissage, la froide réalité de l’expatriation volontaire. Pas de contacts, ou à peine, un peu d’argent, récolté grâce à de petits jobs parisiens pendant ses études, et beaucoup de volonté. Mais avec son physique de grand ado et son absence de carnet d’adresses, convaincre des investisseurs de lui faire confiance demande de l’ingéniosité. « J’ai dépensé la quasi-totalité de mes économies dans une grosse voiture et un bel appartement, pour inspirer confiance », raconte-t-il.

Il concrétise assez vite deux de ses idées, notamment celle de commercialiser, au Chili, des vêtements Kookaï de la saison précédente, rachetant des stocks à prix cassés pour les revendre avec une confortable marge. Ses affaires démarrent très bien, mais le développement pâtit de son manque de connaissance du prêt-à-porter. « Je ne savais pas acheter », avoue-t-il. Son deuxième projet sera plus durable. L’entrepreneur acquiert en Chine, là aussi à prix très bas, des « objets promotionnels », pour les commercialiser à des tarifs bien plus élevés au Chili [son agence, baptisée Z Group, il la revendra en 1997 à BBDO, NDLR]. Sa « tchatche » et ses nombreux déplacements en Chine (« quatre jours de voyage ! ») lui permettent de séduire de gros clients, comme Nestlé ou Coca-Cola. Son plus gros succès personnel reste une campagne de sensibilisation au sida. Une première, dans un pays qui sort tout juste de la dictature d’Augusto Pinochet.

Faute de revenus suffisants, son appartement reste vide, sauf un lit et un téléphone. Il s’obstine et patiente un an pour encaisser son premier chèque : 1 500 dollars ! « Mais je tenais le coup. Mon cauchemar aurait été de rentrer après un échec. » Face à ses défis personnels, Arthur Sadoun apprend vite – « davantage que dans ma carrière ultérieure » –, tout en maîtrisant une pression constante. Au bout de cinq ans en Amérique latine, se pose la question : rester ou revenir ? « Au-delà, on ne revient plus », lâche celui qui a pris, entre-temps, la nationalité chilienne. Encouragé par son expérience, il dépose un dossier à l’Insead, l’école de management de Fontainebleau. Arthur Sadoun y fera son MBA. Avant d’être embauché par l’agence TBWA, dont il prend la tête moins de deux ans après son recrutement. Sans jamais oublier sa demi-décennie « au bout du monde »."

  • L'article complet 1991 – Arthur Sadoun: « Je voulais créer ma boîte au Chili » (par Marie-Pierre Gröndahl) est visible sur le site de Paris Match.
  • Crédits photo : Anne Sophie Lapix et Arthur Sadoun à Roland Garros en 2010 | Photo IP3 PRESS/MAXPPP
  • A consulter également : l'article Wikipédia sur Arthur Sadoun


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