Interdiction de mentionner Facebook et Twitter à l'antenne : l'hypocrisie du CSA

La France se voit-elle en pourfendeuse des succès de Facebook et Twitter ou est-elle simplement hypocrite et naïve ? C'est la question que je me pose en apprenant que le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) a tranché sur la question de droit des chaînes TV à renvoyer nommément vers leurs pages Facebook ou Twitter, préférant le terme générique de "réseaux sociaux". Doit-on nier que ces deux services (et particulièrement Facebook) sont véritablement devenus incontournables ou faut-il y voir une volonté de ne pas participer à la valorisation commerciale de ces services ?

Dans une décision publiée vendredi 27 mai, le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) estime que "le renvoi vers ces pages en nommant les réseaux sociaux concernés revêt un caractère publicitaire" assimilable à de la publicité clandestine si l'on se réfère à un décret de mars 1992 (tiens, ce décret semble avoir été particulièrement adapté à l'époque aux évolutions actuelles du web...). Les "Sages" avaient été saisis pour avis par une chaîne de télévision (étrangement anonyme), alors que se multiplient les pages fan Facebook liées à des émissions. Selon le CSA, "Il y avait un problème de distorsion de concurrence: Facebook et Twitter, entreprises commerciales, sont abondamment citées par les médias, contrairement aux autres réseaux sociaux". 

En gros, si je comprends bien ce qui motive la décision de notre organe de contrôle audiovisuel étatique, c'est pour ne pas défavoriser Orkut, Copainsdavant, MySpace et autres reliques préhistoriques de l'Internet communautaire...

Quelque part, c'est comme si l'on interdisait de citer à l'antenne le mot "SMS", sous prétexte que les opérateurs vont s'enrichir grâce au soutien indirect de quelques animateurs de programmes, forcément acquis à la cause du grand capital de l'industrie des médias et de la communication... C'est comme si on décidait de ne pas mentionner à l'antenne les marques "Blu-Ray" ou à l'époque "VHS", sous prétexte que celles-ci étaient en concurrence avec d'autres technologies ("Blu Ray" était la technologie développée par Sony, en concurrence frontale avec le HD DVD de Toshiba, qui depuis a abandonné son format ; la "VHS" de JVC s'est quant à elle imposée comme la norme de  vidéo grand public face à ses concurrents : le Betamax de Sony et le V2000 de Philips).

Forcément, avec la couverture en live de l'affaire DSK par les chaînes d'info en continu qui passaient une bonne partie de leur temps à faire lire les flux d'infos du hashtag #DSK sur Twitter par leur "consultant Twitter", on comprend que certains aient été surpris par l'apparition aussi massive de ce nouveau mot à l'antenne. En même temps, cela participe à prouver que les ervice en question est véritablement devenu incontournable non ? Quant à Facebook, même s'il ne rassemble aujourd'hui "que" 700 millions d'utilisateurs dans le monde, on ne peut pas non plus nier son existence alors même qu'il contribue activement à changer nos habitude de web-consommation.

Au final, je persiste à penser que cette décision, bien que fondée sur le plan de la publicité clandestine favorisant un service a but lucratif, n'est autre qu'une hypocrisie de plus, alors qu'il y a quelques mois le CSA autorisait le placement produit à l'antenne... La Renault de "Louis la Brocante" est-elle moins en concurrence que Facebook vis-à-vis des autres réseaux sociaux ? Non bien sûr : c'est juste que Renault apparaitra au générique de la série, de façon transparente, ce qui semble-t-il, change tout pour le téléspectateur...

Sources : Stratégies.fr, eMarketing.fr, Wikipedia.

2 posts:

Anonyme

Désolé d'avoir à vous le dire, mais votre article est un tissu d'âneries. A votre décharge, la plupart des autres commentateurs sur le sujet n'ont pas fait mieux.
1. Le principe qui a guidé la décision du CSA n'est pas celui de la distorsion de concurrence avec les autres réseaux sociaux (également légitime à mon avis), mais celui de séparation entre pub et programmes, inscrit dans la loi.
2. Si dès lors qu'un bien ou service est jugé "incontournable" (sic), il faut se dispenser d'appliquer les textes, alors abrogeons ces derniers tout de suite. Radios et TV ne tarderont pas à se changer en longs tunnels de pub quotidiens, vaguement scénarisés pour donner l'illusion qu'il s'agit bien de création. J'imagine que ce ne serait pas pour vous déplaire, j'en suis moins sûr pour le téléspectateur/citoyen lambda.
3. Ce n'est pas le CSA mais une directive européenne, transposée dans la loi française, qui a autorisé le placement de produit. Le CSA n'a fait que l'appliquer, et plutôt en y apportant des restrictions (i.e. en limitant le placement de produit)

Bref, vous auriez gagné à creuser un peu votre sujet. C'est vrai qu'avec un iPhone greffé à la main c'est plus dur...

Nicolas [Z-Factory]

Cher lecteur anonyme...

Merci d'avoir pris le temps de me livrer vos impressions sur mon tissu d'âneries.

1. J'ai bel et bien précisé dans mon article que le CSA a vu sa décision guidée par le principe de séparation entre pub et programmes, citant même la référence au décret de 1992. La distorsion de concurrence est un second sujet que j'amène dans le but de susciter la réflexion.

2. Effectivement, le fait qu'un service devienne incontournable ne justifie aucunement l'abrogation des textes en vigueur.

...Mais au passage, la remarque "que les longs tunnels de pubs ne dont pas pour me déplaire" sous-entendant que je suis un intégriste vendu à la cause du grand capital & des publicitaires sans éthique est consternant. D'autres articles sur mon blog vous prouveront le contraire.

3. Merci de la précision. Il est vrai que les prises de parole du CSA sur ce dossier n'ont pas du tout laissé sous-entendre ce point.

Pour autant, il me semble avoir creusé mon sujet, même si je n'ai pas la prétention d'avoir réalisé une enquête en immersion pour découvrir les dessous d'un scandale. Les sources citées en bas de l'article et que je cite régulièrement sont tout à fait honorables.

Dernière chose, vous êtes jaloux de mon iPhone ? ;-)

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