Z-Factory

Parmi les inerties que je dénonce régulièrement dans le monde des agences, il y a notamment la main-mise de certains groupes de communication sur les entreprises du CAC 40. Parmi ces dernières, beaucoup d'entre elles ont choisi de remettre leur sort entre les mains de ses grosses structures qui rassurent. Bien évidemment, les grands comme Publicis, Euro RSCG, TBWA et tous les autres sont arrivés à leur taille critique en se forgeant une solide expérience au fil des ans et des clients, mais aussi parce que leur structure rassemble la majeur partie des compétences dont on peut avoir besoin aujourd'hui. Au-delà de ces faits, il existe aussi le copinage entre patrons, et aussi la peur. Peur d'avoir moins bien, peur de perdre un interlocuteur qui fait quasiment partie de la famille, et même, la peur de payer moins cher... A l'image d'une relation de couple qui ne tiendrait plus qu'aux habitudes et au confort. Une agence vient cependant de jeter un pavé dans la marre en essayant de draguer ces annonceurs, de les couper de leur routine et de pimenter un peu leur quotidien...

C'est l'agence FreeTouch qui appuie là où ça fait mal, au travers du site trouverunemaitresse.com (et c'est plutôt bien réalisé) ! A l'image des sites de dating en vogue actuellement, l'agence profite d'une accroche intrigante pour attirer le chaland dans se qui constitue une tribune pour FreeTouch. Une vidéo nous accueille, en nous présentant deux personnages. La première est une femme disons, épaisse, métaphore des grands groupes "rassurants" de communication. L'autre est une jeune femme (forcément beaucoup) plus avenante : c'est la challengeuse, qui représente une jeune agence avec un certain culot...


La sclérose des habitudes

Le propos de FreeTouch est clair : il ne devrait pas y avoir de fatalité à ce que les grandes entreprises flirtent constamment avec les mastodontes de la communication. Pire : les habitudes seraient les ennemies de la créativité, de la proactivité, du renouveau. Toute l'audace de la campagne vient de la capacité de trouverunemaitresse.com à mettre les interlocuteurs face à certaines vérités qui dérangent, en nous renvoyant à un référentiel (celui du couple) hors du champs du professionnel, comme pour mieux nous toucher. C'est frontal comme approche, mais original. Une vraie disruption dans le milieu dont on se prend à rêver qu'elle puisse porter ses fruits.


Peur du moins cher, peur du plus petit

Autre subtilité de la vidéo, la vilaine maîtresse tacle la grosse régulière en bombardant une autre vérité qui fait mal : "[une grosse structure, ça rassure, mais] faut l'entretenir, parce qu'elle vaut bien ça". Ce passage est énorme ! A croire au final que tous les annonceurs sont des victimes consentantes lorsqu'elles acceptent de payer des honoraires extravagants pour financer la taille critique de leur agence ! Car au bout du compte, cela révèle un autre paradoxe du monde de la com. Tout le monde s'évertue à crier (en off) que la com, c'est cher, mais trop peu de marques raisonnent et regardent les solutions existantes. En somme, l'idée qui prévaut encore dans ce petit monde, c'est toujours "si c'est pas cher, ça doit être moins bien". Pourtant nous sommes en 2011. Les concepts de cocréation, de 2.0, de structures agiles (et bien d'autres encore) ont fait leur chemin, mais se sont arrêtées à nos portes.

Il y a quelques semaines, je m'étais positionné sur le blog de Nicolas Bordas ("Et si la Révolution était la seule véritable idée qui tue ?") contre l'inertie telle qu'elle existe dans les relations annonceur-agence, en tentant d'expliquer les blocages qui perdurent et un début de solution mâtiné d'un peu d'utopie.


"Briefer n'est pas tromper !"

C'est LE message de trouverunemaitresse.com : on ne risque rien à essayer. Et si l'audace finissait par payer ? Rendez-vous sur le site pour tenter vous-mêmes de résister succomber à une relation extra-conjugalo-professionnelle...