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Je vous parlais il y a quelques jours de cette campagne menée par France Nature Environnement, destinée à sensibiliser le public aux excès présumés de l'agriculture intensive et cible notamment l'usage des OGM et la pollution aux algues vertes toxiques. A quelques jours de l'ouverture du Salon de l'Agriculture, force est de constater que la campagne fait parler d'elle, jusqu'au sein du gouvernement. Le droit d'expression est-il en passe de remporter une bataille face aux lobbies du monde agricole ? Nous dirigeons-nous vers davantage de conscience de la part du consommateur ? Le pavé dans la marre n'a semble-t-il pas fini de faire des vagues...


FNE regroupe près de 3 000 associations de protection de l’environnement. Par le biais de visuels choc, l'association veut faire passer un message, en bousculant le politiquement correct ambiant.  Agriculture intensive et OGM en prennent pour leur grade. Forcément, l'inauguration du Salon de l'Agriculture approchant, on se doute que la campagne va continuer à alimenter les médias...


Crispations en haut-lieu

Le ministre de l'agriculture Bruno Le Maire dénonçait mercredi à l'Assemblée Nationale un "scandale" : "La campagne de FNE, je pèse mes termes, est un scandale et une provocation. (...) Quand est-ce que nous cesserons dans notre pays d'accabler les agriculteurs de tous les maux de notre société ?" Selon lui, les agriculteurs et le gouvernement français font beaucoup d'efforts "pour concilier agriculture et environnement". Le principal syndicat agricole français, la FNSEA, a également condamné une campagne qui "atteint le monde agricole". "C'est une campagne d'une grande imbécilité. Elle est assez caricaturale. Je suis malheureux", a dit Xavier Beulin, son président.


Le droit d'expression

Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l'écologie, a quant à elle défendu "le droit d'expression" des associations environnementales, estimant que "c'est un principe fondateur du Grenelle de l'environnement". "FNE a choisi d'affirmer ses inquiétudes sur un certain modèle agricole avec des visuels un peu choc. C'est un style contemporain qu'on trouve dans d'autres campagnes de communication, y compris dans certaines campagnes de communication de l'Etat", a-t-elle déclaré à l'AFP. Le porte-parole de FNE assure de son côté dans le quotidien Le Monde, que l'objectif n'est que d'ouvrir le débat, et non de s'opposer aux agriculteurs...


Censure dans le métro !

Ultime preuve que certaines vérités actions dérangent, l'association est en plus de ça victime de censure, constatant que seuls trois des six visuels prévus avaient été affichés mardi dans le métro. Métrobus, la régie publicitaire de la RATP, a décidé de ne pas les installer. Pour l'une d'entre elle, c'est parce qu'elle vise directement les éleveurs de porcs (cf. image de droite). « Cela est contraire à la neutralité du service public ». L'affiche a aussi été jugée « violente et agressive avec la mise en scène d'un enfant ». Une autre affiche de la série de France nature environnement subit le même sort : clin d'oeil au "Kill Bill" de Quentin Tarantino, elle dénonce l'utilisation de pesticides.
Cette fois, Métrobus a estimé que l'emprunt au célèbre cinéaste pouvait poser un problème de droit d'auteur...

 Pour finir en beauté, le président du conseil régional de Bretagne a décidé d'assigner FNE devant le tribunal de grande instance de Paris reprochant à la campagne de porter atteinte à l'image de sa région (via les deux visuels de plages vertes qui du coup n'ont pas été installées). Heureusement, il reste l'Internet mondial !

En clair, les très vives réactions du monde agricole ne sont certainement pas pour rien dans ce déluge de contre-temps... Tant mieux pour FNE, son message sera d'autant plus relayé : autant de censure et d'opposition, c'est ce qu'on appelle une campagne qui fait mouche non ?

Source : Le Monde