L'autoroute de l'information

...ne passe pas encore dans toutes les chaumières du pays.


Les Deschiens, internet

Coup de gueule du jour : Paris, c'est pas la France ! L'autoroute de l'information (l'Internet mondial !) ne passe pas encore dans toutes les bourgades reculées du pays, et certains sont encore coupés de tout ce qu'Internet nous a amené ces dernières années : non, Facebook, Twitter et même Google ne sont pas des choses évidentes pour tout le monde (spéciale dédicace à mes parents qui se battent encore avec le mange-disque numérique, aka le lecteur DVD, et ne sont pas prêts de comprendre Hadopi 2).

Ce billet, outre la possibilité qu'il m'offre de partager avec vous une vidéo que j'aime bien, c'est aussi un appel à tous ceux qui font parfois trop vite le saut vers le "tout-internet". Même si je ne suis pas de ceux qui prônent le 360 à tout va (bien au contraire), je me demande si dans un avenir très proche, certaines marques ne risquent pas tout bonnement se couper d'une partie de la population, à vouloir concentrer l'ensemble de leur plan média sur le CPM ou ou le CPA... Là, je ne parle pas de mes parents pour qui Internet est avant tout synonyme de méchants pirates qui vont mettre à sac leur Windows Vista édition famille, mais de tous ceux qui, parce qu'ils habitent Boudieu-le-Villain, n'ont pas accès à autre chose qu'un modem 56k prêté par la Maison communale. Il est difficile de savoir exactement combien de foyers sont privés de Cdiscount, de télédéclaration des impôts, de campagnes de fidélisation offrant -15% sur le deuxième pull acheté, de la redif des Desperate sur M6 Replay et tant d'autres choses. Pensons à eux, qui n'ont que JCDecaux (et encore), leur boîte aux lettres et un poste TV récalcitrant à la TNT pour seuls moyens d'accéder à la communication des marques. Certains les traiteront de chanceux, eux qui ne subissent pas des milliers d'agressions publicitaires quotidiennes (ils ont sans doute un peu raison). Mais d'autres y verront aussi une forme d'inégalité qui mérite qu'on se penche sur la question.

Peut-être que ça paraît absurde écrit comme ça, mais la réalité pour beaucoup de gens est loin d'être celle des grandes agglomérations, qui prochainement vont accéder à la fibre optique...

D'après le Ministère de l'écologie, de l’énergie, du développement durable et de l'aménagement du territoire (et tellement plus encore), le taux de pénétration du haut-débit en France, de l'ordre de 22% de la population ou de 60% des foyers, est supérieur à la moyenne européenne, située aux alentours de 20% de la population (source : JO AN du 29/04/2008). En gros, on n'est pas les moins bons, mais il reste du chemin à faire. Le processus est néanmoins déjà bien entamé. Ainsi, sur le site des Assises du Numérique 2009, Gabrielle Gauthey, Présidente d'Alliance TICS dit : "Le numérique est devenu, pour nos concitoyens, aussi important que l’eau ou l’électricité. Dès lors, il n’est plus possible d’envisager une politique d’aménagement du territoire sans volet numérique." A la bonne heure. ON notera tout de même qu'en 2008, 700 000 foyers se situaient dans ce qu'on appelle les "zones blanches" de l'ADSL...

Quoiqu'il en soit, avant que le fin fond des Pyrénées françaises ne soit intégralement relié à la Toile où que les "papy-boomers" n'aient pu affronter leurs appréhensions, nous avons encore le temps de penser la communication pour tous, sans discrimination d'âge, d'accès à l'information ou de territoire, avant de consacrer le tout numérique all inclusive qui en excite plus d'un...

Vive l'ORTF, vive les P.T.T., vive la République !

3 posts:

Yvan
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Vladix

Comment ça paris n'est pas la france? Il y aurait d'autres lieux dans ce pays qui seraient civilisés? Ah oui, ces lieux que l'on nommait province et que, dans un élan soudain de compréhension de leur identité, nous appelons désormais "régions"!

thweb

Très bon billet!
Notons que ce qui est choquant est bien plus l'inégalité d'accès à l'information que le manque d'accès des marques aux foyers dépourvus du net.
Espérons que c'est bien par cette aspiration à permettre l'accès au savoir par tous qu'un effort serait fait pour résorber la fracture numérique, et pas par un lobby forcené des firmes pour toucher plus d'acheteurs potentiels.

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