2020 : Les métiers de la communication et du marketing dans dix ans

Le numéro du magazine Capital du mois d'Août propose un dossier complet et très intéressant sur la France de 2020. Au programme, analyses et prédictions économiques, supputations sur les maladies que nous auront vaincu d'ici là, zoom sur la mutation des services publics (ça honnêtement ça fait rêver ! La Poste, la SNCF et la Police bardés de High Tech et tournés vers l'efficacité : de la Science-fiction !), les inventions qui bouleverseront notre quotidien et beaucoup d'autres aspects de la vie future sont abordés, avec pas mal de précision et d'optimisme.

Une partie de ce dossier concerne les métiers qui auront la cote dans dix ans, et j'imagine que ça va intéresser certains d'entre vous... Pour vous mettre l'eau à la bouche, la partie communication / marketing commence ainsi : "Les pros du marketing Internet devraient trouver des emplois à la pelle". Youhou ! J'ai l'impression de lire un horoscope dans Closer...


COMMUNITY MANAGER
"Il va devenir incontournable dans les grandes entreprises"

"Encore embryonnaire, ce drôle de métier va connaître un développement spectaculaire. Le rôle du community manager consiste en effet à améliorer l'image des marques ou entreprises sur Internet. Pour cela, il intervient, anonymement ou non dans les forums de discussion, crée de groupes sur les réseaux sociaux (Facebook, Viadeo...) et établit des contacts avec les blogueurs influents. Selon les spécialistes, 2 000 postes pourraient être offerts en 2020 à ces pros de l'influence en ligne."


NETERGONOME
"Tous les sites d'e-commerce en France vont devoir en embaucher"

"En améliorant l'apparence et l'architecture des sites de vente en ligne, on peut booster le chiffre d'affaires de 30%. Autant dire que les netergonomes, dont c'est le métier, on un boulevard devant eux. A la fois infographistes et hommes de marketing, ces oiseaux rares sont pour l'instant formés sur le tas. Mais des cursus spécialisés vont probablement voir le jour. "A terme, tous les grands portails d'e-commerce auront le leur" assure Pascal Chevalier, le P-DG de Netbooster, une société qui améliore le référencement des sites."


CHEF DE PROJET MARKETING WEB
"Au moins 3 000 nouveaux postes seront à pourvoir"

"Cette fonction déjà bien rodée est en train de devenir stratégique dans toutes les entreprises qui draguent leur clientèle sur le Web. Doté d'une solide culture technique et d'au moins cinq ans d'expérience, le chef de projet marketing Web maîtrise tous les outils de recrutement de clients et de fidélisation par Internet (affiliation, référencement naturel, référencement payant, e-mailing, newsletters, tracking) et sur mobile (geomarketing). Les effectifs devraient passer de 3 000 à 6 000 au cours de la prochaine décennie. Salaire annuel : 40 000 euros."


STATISTICIEN CREATIF
"Il va débarquer en force dans toutes les agences de publicité"

"Ce métier n'existe pas encore, mais il ne va pas tarder à faire une percée", prévient Emmanuel Vivier, de l'agence Vanksen. Grâce à leur maîtrise des statistiques, les futurs pros sauront mesurer à tout instant l'impact des messages diffusés sur les canaux personnalisés (mobiles, réseaux sociaux, télévision à la demande, etc.). Et, si besoin est, ils seront aussi capables de les améliorer, comme n'importe quel créatif. "D'ici dix ans, la moitié des personnels des agences présenteront un profil mixte de ce type", pronostique Emmanuel Vivier."


RESPONSABLE DU MECENAT D'ENTREPRISE
"Il en faudra huit fois plus dans dix ans"

"Encouragées par des incitations fiscales, les entreprises sont de plus en plus nombreuses à se lancer dans le mécénat. Et à recruter des spécialistes capables de... tirer le meilleur parti des subsides qu'elles offrent apparemment sans contrepartie. Le plus souvent issus de la direction marketing, ils sélectionnent avec soin les oeuvres qu'ils soutiennent et se débrouillent pour le faire savoir. On dénombre aujourd'hui à peine 250 de ces hommes de l'art. Mais leur nombre devrait grimper à 2 000 d'ici 2020. Salaire : de 60 000 à 90 000 euros."


Vous l'aurez compris, si le reste de ce dossier consacré à la France en 2020 m'a beaucoup séduit, je reste plus que sur ma faim en ce qui concerne nos métiers dans 10 ans tels qu'ils sont vus par Capital. Dire que le web va cartonner et qu'il va falloir des community managers et des chefs de projet web révèle deux choses :
- soit personne n'ose s'avancer en terre inconnue et oser parler de métiers qui n'existeront qu'au prix d'une vraie révolution dans les agences,
- soit nous manquons tout simplement de créativité, préférant rester sur des acquis et attendre que demain nous force à subir une nouvelle mutation de nos métiers.

Pourquoi ne pas imaginer que demain, les agences puissent être plus flexibles, avec un noyau de conseil stratégique pur et une collection de talents créatifs dans laquelle chaque agence pourrait puiser en fonction de ces besoin ?
Quid aussi d'un profil en charge du crowdsourcing et de la co-création dans les agences, pour enfin apprivoiser l'User Generated Content (le contenu réalisé par les internautes/consommateurs eux-mêmes) ?
En 2020, n'aurons-nous pas besoin aussi d'un "expert en développement durable", qui sera à même d'évaluer chaque campagne, chaque investissement, chaque support en fonction de critères écologiques, sociaux et économiques ?

Le futur proche est prometteur. Tout reste à inventer, mais ayons l'audace d'y réfléchir un minimum en essayant de penser "out of the box"et non en subissant l'héritage des structures d'agences érigées il y a 20 ans... Pour prolonger cette réflexion, je vous invite d'ailleurs à jeter un oeil ou deux sur les (excellents) posts suivants, qui tous deux parlent de cette fameuse agence du futur. En lisant les commentaires vous verrez que le débat est loin de se tarir... Premier post sur le blog Coups de Pub (par Julien et Arnaud), et le second par @Naro sur le blog de Nicolas Bordas.

Bonne lecture !


Dossier La France en 2020, Capital N°227 - août 2010
Extrait de : "Les métiers qui auront la cote", par Pierre-Alban Pillet et Hugo Soutra.

8 posts:

Lucile Eurêka

Merci pour ton article Nicolas, je partage assez ton point de vue, ta référence à l'horoscope m'a d'ailleurs bien fait rire. Capital fait souvent de la "vulgérisation" grand public, notamment sur les différents articles que j'ai pu lire sur le CM, mais ce n'est pas le seul.
Compte tenu de notre "position", on pourrait se réjouir, de ce genre d'effets d'annonce. Hors, ils ont souvent un effet pervers. Je ne sais pas ce que tu en penses, mais je vois tous les jours, fleurir de nouveaux CM et social media strategy qui n'ont pourtant jamais mis les pieds en agence ou chez l'annonceur ou bosser pour un site web, quant à gérer une communauté, c'est une autre histoire... Je ne pense pas qu'avoir un compte facebook, Twitter, ni même un blog, fait de nous, un bon CM, pour une marque, même si on a 24000 friends ou followers. Entre gérer des commentaires sur son blog et se faire des potes sur Internet et exercer ces métiers, il y a une grosse différence. Avec le buzz word du CM, je vois apparaître aujourd'hui, un ensemble de personnes, chomeurs ou à la recherche de taf, qui parce qu'ils utilisaient les réseaux sociaux pour leur recherche d'emploi, se sont transformés soudain en professionnels du secteur, en raison des opportunités de recrutement et du flou autour de ces notions. Déjà qu'on se plaint du manque d'efficacité de nombreuses (stratégies?) de média sociaux, cela ne devrait pas arranger la donne.

Unknown

Je partage assez l'analyse de Lucile, ayant commencé à être CM avant la naissance de Facebook, certains de nos "jeunes" collègues me regardent comme un extra terrestre des fois ...

Et en 2020, les vieux seront les jeunes de maintenant, et opposeront des résistances à toute nouveauté parce que le confort aura eu raison de leur esprit d'innovation.

Une révolution à la fois ;)

Nath

Très intéressant cet article ainsi que les commentaires des internautes. N'y aurait-il pas d'autres métiers de la communication que ceux-ci en 2020? Parce que vous parlez de métiers qui emploient mais pas de travail autonome sur le net qui procurent aussi des métiers tout aussi divers que ceux qui emploient?

Lucile Eurêka

De mon point de vue, derrière les media sociaux, il s'agit d'une révolution et mutation plus profonde de notre société, que les technologies accélèrent en changement nombreux paradigmes.
Pour répondre à Nath, je ne suis pas convaincue qu'il y ait pléthores de nouveaux métiers de communication, mais davantage un changement de l'approche marketing global (néo-marketing?) qui impliqueront de nouveaux usages et l'acquisition de nouvelles compétences. Dans l'esprit de l'entreprise 2.0, de toute évidence, il y aura de + en + de travailleurs indépendants, mais, plus que le métier, on parle ici de structures organisationnelles.
@Benoit: voilà un article sur lequel je viens de tomber, qui confirme un peu mon point de vue argumenté sur mon précédent commentaire.
http://bloggingthenews.info/blogging_the_news/2010/08/nengagez-jamais-un-expert-en-reseaux-sociaux.html

Je pense que j'y consacrerai un article sur mon blog, prochainement, enfin quand j'aurai le temps pour cela, car je bosse aussi ; )

Emmanuel Vivier (Vanksen)

Sans vouloir défendre les agences tradis.... elles ont en général toutes recours à des talents externes (prod vidéo, photographe, réalisateurs,...) sans compter les freelances en web... et souvent c'est leur manque d'expertise technique en interne qui est un problème.... donc vraiment pas nouveau comme idée...
Par contre il y a du travail sur l'UGC et le crowdsourcing...

Mydir_Steph

Article très intéressant que je rerouterai sans aucun doute. Je suis d'accord avec les commentaires qui suivent mais le propos de Lucile (si je l'approuve majoritairement) m'interpelle : le web 2.0 a permis une formidable expression des internautes c'est pourquoi je comprends que certains s'improvisent CM : après tout, les médias sociaux ne permettent-ils pas à chacun d'avoir une résonnance ? Une forme d'e-influence ? Bien entendu de là à en revendiquer la maîtrise et à le "vendre en prestation", il y a un gap...

Nicolas [Z-Factory]

Merci à tous pour vos commentaires !

@Lucile Je te rejoins totalement sur l'analyse du boom des CM... On est toujours dans une phase "d'apprentissage" de la part des marques ET des agences. Il faudra je pense encore quelques temps avant que chacun comprenne qu'effectivement, ce n'est pas à la portée de tout le monde, et que ça demande 1) une stratégie en amont et 2) d'y consacrer du temps (donc de l'argent...).

Au final, le débat appelle une autre question : celle de la formation. Qui forme les CM aujourd'hui ? Qui formera les autres "nouveaux métiers" à venir ? Les écoles sont suiveuses, donc en retard. Ne devraient-elles pas elles-mêmes être proactives et audacieuses ?

@Emmanuel : l'UGC et le crowdsourcing sont parmi les défis les plus importants selon moi dans les années à venir. On en parle depuis des lustres, mais mis à part des boîtes comme Eyeka, The Creativity Market ou consorts, les agences 'classiques' semblent passer à côté.

@Mydir_Steph : Intéressant point de vue ! C'est vrai que quelque part, l'UGC tel qu'on le définit se constitue d'une multitude de contenus produits par des "CM" de plus ou moins grande ampleur. Reste que la fonction telle qu'on la vend en conseil nécessite un peu plus d'expertise, sans quoi elle risque de perdre de sa valeur / de sa crédibilité...

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