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Hier commençait la 13e édition de la Semaine Publicité Communication Médias, qui se tient jusqu'au 2 avril prochain.
Organisée par l'AACC (Association des Agences-Conseils en Communication), sous le thème (un brin provocateur) "La Créativité peut-elle sauver le monde ?", il s'agit d'un événement majeur, qui rassemble toute une profession (tout le gratin de l'AACC et de ses partenaires).

Étant curieux (ça, c'est une des caractéristiques indispensables de mon métier), j'avais envie de voir ce qui s'y passait vraiment. En un tweet j'appelai donc à qui pourrait me faire entrer à la conférence inaugurale lundi à 17h30, au Ministère de la Culture et de la Communication. Dans la foulée, c'est Nicolas Bordas, président de l'AACC qui me répondait, me précisant que mon nom avait été transmis à l'organisation (un grand merci à @jfmartins !). La magie de Twitter en somme, ou pourquoi il faut continuer à croire au Père Noël...


La communication a un ministère dédié, et un ministre impliqué

Grande première, un dispositif web innovant sur www.semaine-pub.com était déployé pour l'occasion, permettant ainsi de suivre la retransmission de la conférence en direct. On est donc bien en 2010, et la Semaine de la Pub s'ouvre avec l'ambition de parler au plus grand nombre... Sous le parrainage de Frédéric Mitterrand, la conférence rassemblait des intervenants éclectiques. Pour l'AACC, Nicolas Bordas bien sûr, la créatrice Vanessa Bruno et David Edwards (fondateur du Laboratoire), et Eric Revel (de la chaîne LCI) en animateur des débats.

Première bonne surprise, Frédéric Mitterrand est bien là, et en soi c'est une première. Non que les précédents ministres se désintéressaient totalement de la communication (selon lui), mais souvent étaient-ils appelés en dernière minute sur d'autres dossiers. Le ministre affirme donc que son Ministère est celui de le Culture certes, mais celui de la Communication également, répétant à plusieurs reprises : "ce Ministère est aussi le vôtre". On verra dans la suite du débat qu'il lui va bien ce portefeuille de la comm, d'autant que d'après les bruits de couloirs, il a été envisagé l'espace de quelques heures que le remaniement post-régionales soit l'occasion de remplacer Mitterrand par... Roselyne Bachelot !

M. Mitterrand profitait de son introduction pour rappeler quelques-unes des actions entreprises par le gouvernement sur la question de la pub et de la communication, à commencer par la réforme de la publicité sur la télévision publique, l'assouplissement des règles concernant le placement produit, en passant par les états généraux de la presse (au passage, le même jour il affirmait aussi sa volonté de voir s'arrêter processus de cession de la régie publicitaire de France Télévisions à Lov-Publicis, et ça, c'est plutôt une bonne nouvelle).


Frédéric Mitterand aime la pub...

Selon le ministre, le débat qui s'amorce cette semaine est tout à fait nécessaire, particulièrement en cette période (fait-il allusion à la politique dans notre pays ou simplement au contexte de crise ?). Frédéric Mitterrand a tenu a être là en personne, parce qu'avant tout, la pub, il aime ça. D'ailleurs, il rappellera qu'il a lui-même participé à une pub il y a quelques années (même si c'est un peu hors propos, je me devais de vous la montrer si vous ne la connaissez pas...).



Le thème "La Créativité peut-elle sauver le monde ?" (thème proposé par le patron de l'agence Leo Burnett) l'intéresse donc, affirmant qu'il est attentif à toutes les formes de création et d'innovation. Si la notion de "sauver le monde" est quelque peu provocatrice, celle-ci aide à interpeller l'opinion, tout comme le symbole de la roue, présent sur l'affiche de l'événement. Pour le ministre, la comparaison est toute trouvée, puisque la roue en son temps, si elle n'a pas à proprement parler sauvé le monde, l'a au moins profondément et durablement changé...

Le discours général tendait finalement à appeler au décloisonnement de la créativité et des différentes figures de l'innovation. Face aux défis que nous imposent la crise, la mondialisation et les nouvelles technologies, il est indispensable selon le ministre, de faire toujours plus de place à la prospective et à la créativité, dans tous les domaines. Si la culture a généralement bien résisté à la crise, c'est aussi parce que cette dernière n'a pas perdu de son attractivité, et qu'elle s'avère essentielle dans notre société. Et cela s'applique aussi à la communication et à la pub, puisque d'un côté ces deux coeurs de métier participent à la promotion de la culture, mais qu'ils sont également producteurs d'une expression culturelle propre. Enfin, en prenant appui sur l'étude « Les mots de la communication », réalisée par l'Institut Médiascopie pour l'AACC (en partenariat avec la SNCF), M. Mitterrand nous rappelle que les Français aiment la publicité, et sont soucieux des problématiques touchant à la communication, tout en appelant à sortir du débat stérile opposant publiphiles et publiphobes...


Communication : économie, culture et société

Aujourd'hui, la publicité et la communication en France représentent une masse de 30 milliards d'euros, et ce sont près de 1,3 millions de personnes qui travaillent directement ou non dans la communication. Aussi, après le discours d'introduction placé sous la bienveillance de la République, le président de l'AACC nous rappelle que les professionnels ont besoin (plus que jamais) d'un ministre qui soit à leurs côtés. Reprenant à son tour l'étude « Les mots de la communication », Nicolas Bordas insiste sur le mot "liberté", incontestablement l'un des mots les plus importants de ce sondage, certainement aussi l'un des plus évocateurs. M. Bordas affirme que nos métiers ont une triple valeur : économique bien sûr (pas de croissance possible sans le couple innovation / communication), mais aussi culturelle et sociétale.

Pour lui, le thème de cette 13e Semaine de la Pub nous appelle surtout à imaginer le monde d'après, et la communication de demain. Dans le contexte actuel, "la créativité n'est plus facultative, elle est indispensable"...

Au final, cette conférence inaugurale s'appuyait sur un appel d'urgence à un retour à la créativité et à l'innovation, et l'affirmation de l'attachement des Français à la communication. Toute la profession est confortée par son ministre dédié, convaincu que la communication et la publicité sont deux objets culturels à part entière, partie intégrante de notre société.

La communication serait-elle en train de sortir d'une ère où on la montrait du doigt, l'accusant de tous les maux ? Elle semble en prendre le chemin, chacun s'accordant à dire qu'au final, à défaut de changer le monde, elle peut contribuer à le transformer sur la durée, accompagnant l'évolution d'une société particulièrement secouée...

PS : toutes les conférences de la Semaine Publicité Communication Médias sont retransmises en live sur le site le site prévu à cet effet, profitez-en !